La prophylaxie pré-exposition (PrEP) contre le VIH en Ontario, 2022

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Contexte

La prophylaxie pré-exposition (PrEP) contre le VIH consiste à prendre des médicaments antirétroviraux sur une base continue afin de réduire le risque de contracter le VIH. Lorsqu’elle est prise régulièrement et correctement, la PrEP est une stratégie hautement efficace de réduction du risque d’infection et une composante essentielle de la prévention globale du VIH. Afin de s’assurer que toutes les personnes susceptibles de bénéficier de la PrEP y ont accès, il est important de surveiller le recours à la PrEP.

La PrEP est recommandée aux adultes qui sont à risque de contracter une infection au VIH par l’activité sexuelle ou l’injection de drogues, notamment :

  • les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HRSH) et les femmes transgenres qui déclarent avoir eu des rapports anaux sans condom au cours des six derniers mois et qui présentent au moins un autre facteur de risque comme une récente infection transmissible sexuellement (ITS), un recours répété à la prophylaxie post-exposition (PPE), un-e partenaire séropositif(-ve) à risque important de transmission du VIH ou un pointage égal ou supérieur à 11 sur l’échelle du risque d’incidence élevée HIRI-MSM;
  • le/la partenaire séronégatif(-ve) dans une relation hétérosexuelle sérodiscordante en présence de rapports vaginaux ou anaux sans condom lorsque le/la partenaire séropositif(-ve) présente un risque important de transmission du VIH;
  • les personnes qui s’injectent des drogues et qui partagent du matériel d’injection avec une personne présentant un risque non négligeable d’infection par le VIH.

Pour plus de renseignements sur les lignes directrices canadiennes de 2017 sur l’utilisation de la PrEP, cliquer ici. Les personnes ne répondant pas à ces critères stricts peuvent également être candidates à la PrEP sur la base d’autres considérations et ces critères ne visent pas à restreindre indûment l’accès à cette importante intervention de prévention du VIH. Comme pour toutes les interventions sanitaires, la prescription de la PrEP doit être personnalisée et tenir compte de l’équité en matière de santé et des préférences du patient dans le cadre d’une prise de décision conjointe avec le fournisseur de soins.

Sources de données

L’Ontario ne dispose pas actuellement d’un système provincial de surveillance de la PrEP; l’OHTN a utilisé les données des pharmacies sur les ordonnances de PrEP pour comprendre le recours à la PrEP en Ontario entre 2018 et 2022. Toutefois, ces données et la capacité à évaluer le recours à la PrEP comportent d’importantes limites. Les données couvrent certaines caractéristiques démographiques enregistrées par la pharmacie, comme l’âge, le sexe, le type de payeur et l’emplacement géographique de la pharmacie, mais aucune information n’est consignée sur certaines caractéristiques très importantes (comme la race/ethnicité, l’identité de genre et les facteurs de risque liés au VIH). Étant donné que le recours à la PrEP doit être examiné relativement aux populations pour lesquelles la PrEP est indiquée, ces données ne permettent pas de déterminer si le recours à la PrEP a répondu aux besoins des principales populations à risque pour le VIH.

La connaissance, la sensibilisation, l’accessibilité et les campagnes ciblées promouvant l’utilisation de la PrEP ne sont pas les mêmes dans tous les groupes sociodémographiques. Pour comprendre la pertinence du recours à la PrEP et l’équité de sa distribution, il faudra de nouvelles données et recherches, soutenues par l’apport et les orientations de la communauté.

Méthodologie

Le nombre estimatif d’utilisateur(-trice)s de la PrEP est fondé sur les ordonnances de médicaments d’un large échantillon de pharmacies de détail en Ontario, qui sont ensuite projetées à l’échelle de la province par IQVIA1. Le rapport décrit le nombre, la proportion et/ou le taux estimatif de personnes uniques ayant reçu une PrEP (appelées ici « utilisateur(-trice)s de la PrEP ») et les décrit globalement, par sexe, âge, spécialité du prescripteur, type de payeur, région, et en tant que ratio par rapport au nombre de nouveaux diagnostics de VIH (« ratio PrEP-besoin »). Pour la première fois dans ce rapport annuel, nous utilisons des méthodes actualisées pour tenir compte des commandes de PrEP placées en ligne et expédiées dans toute la province, ce qui permet une description plus précise de la distribution de PrEP par région géographique de l’Ontario et par bureau de santé publique (BSP) local. De plus, pour la première fois, nous présentons le taux d’ordonnance de PrEP par BSP. Le ratio PrEP-besoin par BSP ne figure pas dans le rapport en raison du faible nombre d’ordonnances et/ou de nouveaux diagnostics de VIH dans certains BSP.

Pour plus d’informations sur cet article de blog ou sur le rapport, envoyez un courriel à [email protected]. Pour en savoir plus long sur la PrEP et comment y avoir accès, quelle que soit votre couverture d’assurance médicaments, visitez le www.ontarioprep.ca.


 Quelques résultats clés :

Le recours à la PrEP continue d’augmenter

Le nombre estimatif de personnes ayant reçu la PrEP au moins une fois au cours d’une année civile en Ontario a augmenté d’année en année et a atteint son plus haut niveau en 2022 (14 650).

La plupart des utilisateurs de la PrEP sont des hommes

La majorité des utilisateurs de la PrEP sont des hommes (97,0 %), et le recours à la PrEP a augmenté un peu plus rapidement chez cette population. Les hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et présentant certains facteurs de risque représentent une forte proportion des populations pour lesquelles la PrEP est recommandée.

Remarque : Les critères cliniques pour recommander la PrEP chez les femmes cisgenres dans les régions du monde à revenu élevé comme l’Ontario sont moins bien définis, et des recherches supplémentaires sont nécessaires pour guider son utilisation appropriée. Dans le cas de femmes qui rencontrent des inégalités systémiques et sociales et qui sont plus susceptibles d’être exposées au VIH par un partenaire sexuel ou qui s’injecte des drogues, une approche personnalisée est nécessaire pour évaluer le besoin de PrEP. De plus, ces données ne permettent pas de savoir si les autres populations à risque d’infection par le VIH – notamment les hommes hétérosexuels et les personnes qui s’injectent des drogues – ont recours à la PrEP.

La plupart des utilisateur(-trice)s de la PrEP sont âgé-es de 30 à 39 ans

Les gens obtiennent la PrEP principalement auprès de leur médecin de famille et ont une assurance privée pour la payer

En 2022,

37 %

76 %

du nombre estimé d’utilisateur(-trice)s de la PrEP ont obtenu leur ordonnance auprès d’un-e médecin de famille ou d’un-e omnipraticien-ne.

du nombre estimé d’utilisateur(-trice)s de la PrEP ont payé le coût de l’ordonnance au moyen de leur assurance privée.

Le recours à la PrEP est en hausse dans toutes les régions de l’Ontario

Entre 2018 et 2022, le nombre d’utilisateur(-trice)s de la PrEP a augmenté dans toutes les régions de l’Ontario.

Les plus fortes augmentations relatives aux ordonnances de PrEP entre 2018 et 2022 ont été observées dans l’Est et le Centre-Est de la province et à Toronto (ailleurs qu’au centre-ville) (2,7 fois), suivie d’Ottawa (2,3 fois) et de Toronto (centre-ville) (2,2 fois).


La plupart des utilisateur(-trice)s reçoivent une ordonnance de PrEP à Toronto et à Ottawa


La plupart des utilisateur(-trice)s reçoivent une ordonnance de PrEP à Toronto et à Ottawa

Toronto et Ottawa continuent de compter le plus grand nombre de personnes qui reçoivent la PrEP. Bien que ces villes représentent 27,0 % de la population de l’Ontario, elles totalisent à elles seules plus de 75,4 % des ordonnances de PrEP fournies en 2022. La concentration des utilisateur(-trice)s de la PrEP dans ces régions peut s’expliquer par le fait que Toronto et Ottawa comptent un nombre plus élevé d’hommes gais, bisexuels et d’autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HRSH) qui sont admissibles à la PrEP; que les médecins et/ou les cliniques y ont plus d’expérience dans l’évaluation de l’admissibilité à la PrEP; et/ou que plus de personnes se rendent dans ces villes pour obtenir la PrEP.


Ratio PrEP-besoin

Le nombre d’ordonnances de PrEP à lui seul ne permet pas de déterminer si le recours à la PrEP répond aux besoins de la province et des communautés. Il est nécessaire d’évaluer le recours à la PrEP par rapport au risque de contracter le VIH. Les nouveaux diagnostics sont un indicateur de l’infection par le VIH et du risque rencontré par la communauté. C’est pourquoi nous examinons l’utilisation de la PrEP relativement aux nouveaux diagnostics, c’est-à-dire le « ratio PrEP-besoin ». Plus ce ratio est élevé, plus l’utilisation de la PrEP est proche de satisfaire les besoins. Nous pouvons établir des comparaisons entre les groupes et les régions géographiques pour comprendre le recours à la PrEP par rapport au besoin.

pas de seuil à partir duquel il est possible de déterminer si l’utilisation de la PrEP a atteint un niveau optimal de prévention du VIH et une couverture idéale pour l’ensemble de la communauté. Deuxièmement, le ratio n’évalue pas la pertinence de la PrEP ou l’admissibilité à celle-ci – c’est-à-dire, les personnes prennent la PrEP conformément aux lignes directrices cliniques – puisque nous n’avons pas accès aux informations sur les risques pour les personnes qui la prennent. À la lumière d’observations fournies par la communauté et les clinicien-nes, nous pensons qu’un grand pourcentage d’utilisateurs masculins de la PrEP sont des hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Un nouveau diagnostic n’est pas la même chose qu’une nouvelle infection par le VIH. De nombreuses personnes vivant avec le VIH ne reçoivent pas le diagnostic la même année où elles sont infectées, et certaines peuvent avoir été infectées ailleurs et avoir reçu leur diagnostic en Ontario. Cela pourrait entraîner une surestimation du nombre de nouveaux diagnostics et influencerait par le fait même le ratio PrEP-besoin. Enfin, les ratios PrEP-besoin dans chaque BSP sont trop instables pour être rapportés en raison du faible nombre d’ordonnances et/ou de nouveaux diagnostics dans certains bureaux de santé publique locaux.

Remarque :  Le nombre de nouveaux diagnostics peut être influencé par plusieurs facteurs, et il est probable qu’il varie par région et par population. Les chiffres doivent être interprétés avec prudence.

L’utilisation de la PrEP augmente relativement aux personnes qui en ont besoin, dans certaines régions de l’Ontario

Au fil du temps, le ratio PrEP-besoin :

  • a augmenté à la fois chez les hommes et les femmes entre 2018 et 2022;
  • était plus élevé chez les hommes (31,6 en 2022) que chez les femmes (2,4 en 2022) mais il a augmenté à un rythme similaire de part et d’autre entre 2018 et 2022;
  • était le plus élevé à Toronto et à Ottawa, malgré une baisse dans les deux régions comparativement à 2021;
  • la baisse observée de 2021 à 2022 dans les régions de Toronto et d’Ottawa est attribuable à une augmentation plus faible du nombre d’ordonnances de PrEP et à une augmentation plus rapide du nombre de nouveaux diagnostics.

Pour la première fois, nous publions des données sur les ordonnances de PrEP dans les bureaux de santé publique (BSP) locaux :

  • Ces données permettent de mieux comprendre l’utilisation de la PrEP dans les petites régions géographiques de l’Ontario. Les grandes zones urbaines comme Toronto et Ottawa peuvent compter plus de personnes admissibles à la PrEP et/ou de clinicien-nes qui sont à l’aise de la prescrire, ainsi qu’un taux plus élevé de dépistage et de diagnostic du VIH, ce qui peut influer sur le taux de distribution de la PrEP.
  • Le taux le plus élevé de personnes ayant reçu une PrEP par 100 000 habitants a été enregistré dans le Bureau de santé publique de la ville de Toronto (299,1 par 100 000 habitants), suivi du Bureau de santé publique de la ville d’Ottawa (159,3 par 100 000 habitants) et du Bureau de santé publique de la ville de Hamilton (84,1 par 100 000 habitants).
  • Les plus faibles taux de distribution de la PrEP ont été observés dans le Bureau de santé publique de Porcupine (8,0 par 100 000 habitants), le Bureau de santé publique de Lambton (8,1 par 100 000 habitants) et le Bureau de santé publique des comtés de Hastings et Prince Edward (13,5 par 100 000 habitants).
  • Compte tenu des différences démographiques entre les bureaux de santé publique locaux, l’on s’attend à ce que le taux de distribution soit plus élevé dans certaines zones (p. ex., les zones urbaines où le nombre de HRSH est plus élevé).

Taux estimatif de personnes ayant reçu la PrEP par 100 000 habitants, par BSP, 2022 

Voir codes ci-dessous

Pour plus de renseignements, consulter le rapport complet.


 

Note de bas de page

  1. IIQVIA, anciennement Quintiles and IMS Health, Inc., est une société multinationale étatsunienne au service des secteurs combinés des technologies de l’information sur la santé et de la recherche clinique.

Bureaux de santé publique locaux

CodeBureau de santé publiqueCodeBureau de santé publique
ALGDistrict d’AlgomaNPSDistrict de North Bay-Parry Sound
BRNComté de BrantNWRNord-Ouest de l’Ontario
CHKChatham-KentOTTVille d’Ottawa
DURRégion de DurhamOXESud-Ouest de l’Ontario
EOHEst de l’OntarioPELRégion de Peel
GBOGrey BrucePQPPorcupine
HALRégion de HaltonPTCComté et ville de Peterborough
HAMVille de HamiltonRENComté et district de Renfrew
HDNHaldimand-NorfolkSMDDistrict de Simcoe Muskoka
HKPDistrict d’Haliburton, Kawartha et Pine RidgeSUDSudbury et district
HPEComtés de Hastings et de Prince EdwardTHBDistrict de Thunder Bay
HPHHuron PerthTORToronto
KFLKingston, Frontenac, Lennox et AddingtonTSKTimiskaming
LAMLambtonWATWarterloo
LGLDistrict de Leeds, Grenville et LanarkWDGWellington-Dufferin-Guelph
MSLMiddlesex-LondonWECComté de Windsor-Essex
NIARégion du NiagaraYRKRégion de York

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