La prophylaxie pré-exposition (PrEP) contre le VIH en Ontario, 2021

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La prophylaxie pré-exposition (PrEP) consiste à prendre des médicaments antirétroviraux sur une base continue afin de réduire le risque de contracter le VIH. Lorsqu’elle est prise régulièrement et correctement, la PrEP est une stratégie hautement efficace de réduction du risque d’infection et une composante centrale de la prévention globale du VIH. Afin de veiller à ce que tout le monde qui pourrait bénéficier de la PrEP y ait accès, il est important de surveiller le recours à la PrEP.

La PrEP est recommandée aux adultes qui sont à risque de contracter l’infection à VIH par l’activité sexuelle ou l’injection de drogues. Ces personnes incluent :

  • les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HRSH) et les femmes transgenres qui déclarent avoir eu des rapports anaux sans condom au cours des six derniers mois et qui présentent au moins un autre facteur de risque tel qu’une ITS récente, un recours répété à la prophylaxie post-exposition (PPE), un-e partenaire séropositif(-ve) à risque important de transmission du VIH ou un pointage ≥11 sur l’échelle du risque d’incidence élevée HIRI-MSM;
  • le/la partenaire séronégatif(-ve) dans une relation hétérosexuelle sérodiscordante en présence de rapports vaginaux ou anaux sans condom lorsque le/la partenaire séropositif(-ve) présente un risque important de transmission du VIH;
  • les personnes qui s’injectent des drogues et qui partagent du matériel d’injection avec une personne présentant un risque non négligeable d’infection à VIH.

L’Ontario ne dispose pas actuellement d’un système provincial de surveillance de la PrEP; l’OHTN a utilisé les données des pharmacies sur les ordonnances de PrEP pour comprendre le recours à la PrEP en Ontario entre 2016 et 2021. Toutefois, ces données et la capacité à évaluer le recours à la PrEP comportent d’importantes limites. Les données couvrent certaines caractéristiques démographiques enregistrées par la pharmacie, comme l’âge, le sexe, le type de payeur et l’emplacement géographique de la pharmacie, mais aucune information n’est consignée sur certaines caractéristiques très importantes (comme la race/ethnicité, l’identité de genre et les facteurs de risque liés au VIH). Étant donné que le recours à la PrEP doit être examiné relativement aux populations pour lesquelles la PrEP est indiquée, ces données ne permettent pas de déterminer si le recours à la PrEP a répondu aux besoins des principales populations à risque pour le VIH. Il est difficile d’évaluer l’efficacité du recours à la PrEP chez les femmes et des recherches supplémentaires sont nécessaires pour guider son utilisation appropriée. Dans le cas de femmes qui rencontrent des inégalités systémiques et sociales et qui sont plus susceptibles d’être exposées au VIH par un partenaire sexuel ou de consommation de drogues, une approche plus directe et plus ciblée est nécessaire pour évaluer le recours à la PrEP et sa pertinence.

La connaissance, la sensibilisation, l’accessibilité et les campagnes ciblées promouvant l’utilisation de la PrEP ne sont pas les mêmes dans tous les groupes sociodémographiques. Pour comprendre la pertinence du recours à la PrEP et l’équité de sa distribution, il faudra de nouvelles données et recherches, soutenues par l’apport et les orientations de la communauté.

Les estimations projetées du recours à la PrEP à l’échelle provinciale sont fondées sur les données de prestation de fumérate de ténofovir disoproxil-emtricitabine (TDF/FTC; nom commercial « Truvada » – également disponible sous forme générique au Canada) ou du ténofovir alafénamide-emtricitabine (TAF/FTC; nom commercial « Descov ») – données provenant de près de 2 300 pharmacies de l’Ontario et fournies par IQVIA1. Le rapport indique le nombre, la proportion ou le taux estimatif provincial projeté d’individus uniques ayant reçu la PrEP (ci-après, « utilisateur(-trice)s de la PrEP ») et décrit globalement ces personnes selon le sexe, l’âge, la spécialité du/de la prescripteur(-trice), le type de payeur, la région et le ratio du nombre de nouveaux diagnostics du VIH (« ratio PrEP-besoin »).

Pour plus d’informations sur ce rapport, veuillez écrire à [email protected]. Pour en savoir plus sur la PrEP et sur les moyens d’y accéder, indépendamment de la couverture d’assurance-médicaments, visitez www.ontarioprep.ca.


 Quelques résultats clés :

Le recours à la PrEP continue d’augmenter

Le nombre estimé d’individus ayant reçu la PrEP au moins une fois au cours d’une année civile en Ontario a augmenté radicalement (de 7,6 fois) entre 2016 et 2021.

La plupart des utilisateurs de la PrEP sont des hommes

Puisque le VIH touche de manière disproportionnée des hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et répondant à des critères de risque élevé, on comprend que la majorité des candidat-es admissibles et des utilisateur(-trice)s de la PrEP soient des hommes (>97 %) et que l’utilisation de la PrEP ait augmenté plus rapidement chez les hommes.

La plupart des utilisateur(-trice)s de la PrEP sont âgé-es de 20 à 39 ans

Les gens obtiennent la PrEP principalement auprès de leur médecin de famille et ont une assurance privée pour la payer

En 2021,

58%

du nombre estimé d’utilisateur(-trice)s de la PrEP ont obtenu leur prescription d’un-e médecin de famille ou d’un-e omnipraticien-ne.

75%

du nombre estimé d’utilisateur(-trice)s de la PrEP ont payé le coût de l’ordonnance au moyen de leur assurance privée.

Les infirmière(-er)s praticien-nes constituent le groupe de prescripteur(-trice)s de la PrEP qui croît le plus rapidement. Elles/ils étaient responsables de près d’une prescription sur 10 de la PrEP en 2021, un nombre 14 fois plus élevé qu’en 2018 (1 sur 140 prescriptions de PrEP).

Le recours à la PrEP est en hausse dans toutes les régions de l’Ontario

Entre 2016 et 2021, le nombre d’utilisateur(-trice)s de la PrEP a augmenté dans toutes les régions de l’Ontario.

Plus particulièrement, les plus fortes augmentations relatives de la prestation de la PrEP entre 2016 et 2021 ont été observées dans les régions de Durham (15 fois), d’Erie-St. Clair (15 fois), de Peel (14 fois), du Centre-Est (14 fois) et de l’Est (14 fois).

La plupart des utilisateur(-trice)s reçoivent une ordonnance de PrEP à Toronto et à Ottawa

Toronto et Ottawa continuent de compter le plus grand nombre d’individus qui reçoivent la PrEP. Bien que ces villes représentent 52 % de la population de l’Ontario, elles totalisent à elles seules plus de trois ordonnances de PrEP fournies sur quatre (77,3 %) en 2021. La concentration des utilisateur(-trice)s de la PrEP dans ces régions peut s’expliquer par le fait que Toronto et Ottawa comptent un nombre plus élevé d’hommes gais, bisexuels et d’autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HRSH) qui sont admissibles à la PrEP; que les médecins et/ou les cliniques y ont plus d’expérience dans l’évaluation de l’admissibilité à la PrEP; et/ou que des personnes se rendent dans ces villes pour obtenir la PrEP.

Ratio PrEP-besoin

L’utilisation de la PrEP ne permet pas à elle seule de déterminer si elle répond aux besoins de la province et des communautés. Il est nécessaire d’évaluer le recours à la PrEP par rapport au risque de contracter le VIH. Les nouveaux diagnostics sont un indicateur de l’infection par le VIH et du risque rencontré par la communauté. C’est pourquoi nous examinons l’utilisation de la PrEP relativement aux nouveaux diagnostics, c’est-à-dire le « ratio PrEP-besoin ». Plus ce ratio est élevé, plus l’utilisation de la PrEP est proche de satisfaire les besoins. Nous pouvons établir des comparaisons entre les groupes et les régions géographiques pour comprendre le recours à la PrEP par rapport au besoin.

Toutefois, l’interprétation du ratio PrEP-besoin comporte des limites. Tout d’abord, il n’existe pas de seuil à partir duquel il est possible de déterminer si l’utilisation de la PrEP a atteint un niveau optimal de prévention du VIH et une couverture idéale. Deuxièmement, le ratio n’évalue pas la pertinence de la PrEP ou l’admissibilité à celle-ci – c’est-à-dire si les personnes prennent la PrEP comme l’indiquent les lignes directrices cliniques. Puisque nous n’avons pas accès aux informations sur les risques, nous comparons les femmes et les hommes, sans connaître les facteurs de risque des utilisateur(-trice)s de la PrEP. À la lumière d’observations de la communauté et des clinicien-nes, nous pensons qu’un grand pourcentage d’utilisateurs masculins de la PrEP sont des hommes gais, bisexuels et ayant des rapports sexuels avec des hommes. Ces données ne permettent pas de savoir si le recours à la PrEP répond aux besoins d’autres populations à risque pour le VIH, notamment les hommes et femmes hétérosexuel-les et les personnes qui consomment des drogues.

L’utilisation de la PrEP augmente relativement aux personnes qui en ont besoin, dans certaines régions de l’Ontario

Au fil du temps, le ratio PrEP-besoin :

  • a augmenté chez les hommes et les femmes;
  • était plus élevé parmi les hommes (28,1 en 2021) que parmi les femmes (3,0 en 2021), mais il a augmenté à un rythme similaire de part et d’autre entre 2018 et 2021;
  • a augmenté dans la plupart des régions sanitaires et était le plus élevé à Toronto et à Ottawa en 2021.

Vous trouverez une foule de renseignements supplémentaires dans le rapport complet.

Note de bas de page

  1. IQVIA, anciennement Quintiles et IMS Health, Inc., est une société multinationale étatsunienne au service des secteurs combinés de la technologie de l’information sur la santé et de la recherche clinique.
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